Le placard
(Sophie) :
Tout au fond du couloir, l’interrupteur est en mode éteignoir,
C’est un véritable isoloir. Le vote y est interdit.
Le choix est défini, nécessité de service imposé : il faut fonctionner.
Service public en démolition,
La machine de l’institution a broyé mes missions piétinant toutes mes intuitions
Me réduisant à mon
NUMEN
(Tous les deux) :
7-7-G- 98-11-337-R-M-U
(Sophie)
JE SUIS MISE AU PLACARD
L’intérêt des enfants est vendu.
Je deviens cafard.
Tapis dans le noir au fond de mes cartons
Mes pensées en forme de brouillon, partent dans toutes les directions. SENS INTERDIT.
Un placard n’est pas une porte de sortie.
(Samuel) :
Un placard n’est pas une porte de sortie
C’est un meuble triste et froid jonché de ronces et d’orties
On t’y laisse moisir et pourrir comme dans une citée dortoir
Dès l’entrée ça pue la mort et le mépris d’autrui
Autrement dit, placard égale manque de reconnaissance
Dans le privé on t’exclut
Dans le public, on te vide de ta substance,
Quelle est la différence ?
Quand les plaies demeurent vives
Vivantes par la lâcheté d’une décision administrative
Qui lacère, érafle, creuse des balafres
Avec pour seul motif : le gouffre des chiffres
Les chiffres comme prétexte de tout
Les chiffres qui se doivent d’être bien ronds, comme
Une corde au cou
A couteaux tirés,
Les chiffres qui provoquent guerres et marées
Les mêmes chiffres qui virent des profs
Pendant que recrute l’armée
Qui s’érigent en montagnes insurmontables et implacables.
Et qui petit à petit grignotent l’espace de mon placard.